La libre Belgique, 2 octobre 2004
Cristian Laporte

Julia Nyssens, Combattante des sectes

L'avocate avait vraiment été à la base de la lutte contre les sectes en Belgique. Elle défendait la liberté de culte mais pas les violations de la loi faites en son nom.

Une grande dame de la lutte antisectes en Belgique n'est plus: on a appris en cette fin de semaine la disparition, à l'âge de 73 ans, de Julia Nyssens-Dussart, qui avait fondé l'ADIF, l'Association de défense de l'individu et de la famille.

Avocate de formation qui avait été attachée aux barreaux de Bruxelles et d'Elisabethville (Lubumbashi), c'est par sa profession qu'elle avait pris conscience du danger des organisations sectaires en étant amenée à défendre les victimes de certaines d'entre elles. Face aux ravages des sectes, elle avait décidé d'en faire un combat personnel en portant sur les fonts baptismaux en 1976 l'ADIF.Il n'est nullement exagéré de rappeler que c'est à elle que l'on doit la mobilisation générale antisectaire qui a débouché en 1997 sur la commission d'enquête parlementaire belge. Et ce ne fut pas un hasard non plus si son audition, fin mars de cette année-là, fut un des temps les plus forts de tous les travaux parlementaires. Il était donc tout aussi logique qu'elle fasse partie de la première équipe du Centre d'information et d'avis sur les organisations sectaires nuisibles qui devait être installée dans sa foulée. Jusqu'au bout, elle aura été une actrice très active au sein du CIAOSN, s'illustrant par un punch peu commun.

Pour Henri de Cordes, président suppléant du Centre d'information, «Julia Nyssens se caractérisait par une très grande ouverture d'esprit. Mais ce qui ressortait de son engagement était son très grand souci de respect des lois. Légaliste, elle n'attaquait jamais les mouvements sectaires sur le terrain religieux, trop attachée à la liberté de conscience et à celle des cultes, mais pas question de permettre des infractions en leur nom!»

Une analyse confirmée par le P. Charles Delhez, le rédacteur en chef du journal «Dimanche», qui a beaucoup travaillé sur les phénomènes sectaires.

«Mme Nyssens avait ce qu'on pourrait appeler, mais au sens positif de l'expression, l'obsession des sectes», commente Charles Delhez. «Mais jamais elle ne fit prévaloir ses propres convictions; son action suivait toujours le mode de l'expertise juridique. Reste que sa connaissance encyclopédique des mouvements sectaires lui a permis en même temps de montrer une réelle passion pour les hommes d'aujourd'hui, surtout lorsqu'ils se retrouvaient face à certains périls...»

© La Libre Belgique 2004